Caractéristiques :
Magnifique parcours facile
Distance : environ 12 Km
Temps de marche : environ 3h00'
Dénivelé : 160 mètres
Bonnes chaussures conseillées
Parking près de la ferme Auberge du Grand Ballon alt. 1112m
Accès par le Col Amic en montant à Uffholtz ou à Willer-sur-Thur |
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Comme aucun homme ne ressemble à l’autre, aucune montagne ne ressemble à ses semblables, chacune ayant son propre profil. Quelques sommets cependant, de par leur personnalité, dépassent leurs pairs et parmi eux nous avons dans les Vosges le Grand Ballon que je vous propose de découvrir pour fêter à notre manière notre randonnée.
Qui marche profite intégralement des beautés de la nature !
2000 - Léon NATTER
Descriptif de l'itinéraire :
Départ sur les pentes du massif du Grand Ballon à la ferme-auberge du Grand Ballon, à 1112m d’altitude.
Nous partons vers le premier virage de la Route des Crêtes en aval de la ferme où nous nous engageons dans le pâturage sur un chemin en herbe (rouge-blanc-rouge) en direction Glashutte-Judenhut. Nous passons devant le cabanon de la caisse du ski-lift et prenons vers la gauche la descente du pâturage sur 50m pour plonger tout de suite à droite vers le gazon parsemé d’îlots d’arbustes, en passant à coté d’un pylône électrique à notre droite et d’un grand multi-hêtre à notre gauche. Après la chicane, nous entrons dans une hêtraie pour virer 50m plus loin vers la droite, où jonction avec le sentier (croix bleue) qui nous mène au Firstacker. Nous aurons marché 1,8km en 25’. Le sentier, maintenant en légère descente, traverse d’abord une clairière avec ses myrtilles, puis entre dans une hêtraie-sapinière. Un petit ruisseau coupe notre chemin après 100m et nous entrons dans une belle hêtraie très dense. Ignorant le chemin forestier 100m plus loin à notre gauche, nous tenons la droite sur un magnifique sentier horizontal qui traverse après 200m une bande de pâturage le long d’une ligne électrique alimentant la ferme du haut et le ski-lift. Belle échappée vers la plaine et la Forêt-Noire. Le très beau sentier s’étire maintenant sous les voûtes de beaux hêtres qui se profilent admirablement sur les profondeurs. La montagne est tellement pleine de merveilles, qu’aucun promeneur ne peut rester insensible à l’herbe des chemins, son odeur et ses reflets, aux ruisseaux cristallins dont le murmure empli nos cœurs, aux conifères sentant la résine, en un mot, à tout ce qui embelli la nature. L’intensité des joies qu’elle procure est grande et immense l’état d’esprit du promeneur. Deux ruisseaux successifs coupent notre parcours. Le second est traversé sur des troncs d’arbres jetés par-dessus. Une rampe en bois, bien que branlante, nous assure l’équilibre en cas de dérapage. 200m plus loin, un autre ruisseau sablonneux. Le sentier part maintenant en légère descente. La forêt tourne en hêtraie-sapinière et 15’ après notre sentier fait jonction avec le GR5 (rectangle rouge). Encore 200m et nous voilà au Firstacker, grand carrefour en herbe à 995m d’altitude, avec 5 km dans les pieds depuis notre départ.
Devant nous se profile la tête du Sudel avec 1012m, reboisée avec des épicéas et des mélèzes pour mettre en valeur les pâturages abandonnés. Sur son flanc, devant nos yeux, est élevée la chapelle du Sudel, construite en 1931 par le Souvenir Français, à la mémoire des soldat français morts sur cette crête pendant le premier conflit mondial. Le Sudel servait d’observatoire à 7 régiments d’infanterie et à 5 bataillons de chasseurs. Nous montons à cette petite chapelle qui contient une belle statue en bois de Jeanne d’Arc et un marbre à la mémoire de l’Abbé Henry Winter, ancien curé de Goldbach-Altenbach, mort en martyr à Buchenwald en avril 1943. Nous lisons :
D’autres heures viendront plus belles et meilleures,
La victoire luira sur le dernier combat.
Seigneur, faite que ceux qui revivront ces heures,
Se souviennent de ceux qui ne reviendront pas
Le poète Sylvain ROYE tué à Douaumont en 1916
Nous quittons la chapelle d’où nous avons une belle vue sur le flanc Sud-est du Grand Ballon avec la ferme du Grand Ballon. Nous traversons la Route des Crêtes pour entrer dans un bon chemin forestier à l’horizontale en direction de la Goldenmatt où se trouve une imposante construction qui servait de Maison de Repos aux Jésuites, puis comme Maison Familiale du Comité d’Entreprise de Peugeot pour devenir hôtel-restaurant, fermé depuis. Cette maison se trouve aujourd’hui entre des mains privées. Nos pas n’iront pas jusqu’à elle.
Nous marchons 5’ tout en jouissant d’une vue étendue sur les sommets du Riesenkopf (1077m) et du Molkenrain (1125m) ainsi que vers la ferme-auberge du Freundstein. Au panneau « propriété privée de la Goldenmatt » nous prenons un chemin forestier, un peu raide au début, qui conduit à travers une sapinière sur les chaumes du Gestacker et au Grand Ballon. Au bout de 15’ nous débouchons sur les chaumes et apercevons bientôt à notre droite le toit allongé de la ferme. Restant sur le chemin, nous passons 100m plus loin une chicane et entrons dans des feuillus pour en ressortir après 200m sur les pâturages du Gerstacker. Avant d’entrer dans le sentier (disque jaune) à notre droite qui mène à la ferme, je propose de pousser une centaine de mètres pour jouir d’un tour d’horizon remarquable qui va du Riesenkopf à la sortie de la Vallée de la Thur et le massif du Rossberg. Revenant sur nos pas, nous entrons sur le sentier en herbe à notre gauche (disque jaune) et rejoignons l’imposante ferme du Gerstacker, alt 1051m, inexploitée, appartenant à Mr Dietsch, boulanger à Reiningue. Ce dernier fait toutefois monter au printemps un important troupeau de vaches sur les maigres et stériles pâturages, tourbeux par endroits, d’où émergent des touffes de genévriers.
A coté de la ferme nous repérons une sorte de sente dans le pâturage, tirant vers la droite, sans marquage, que nous suivons vers le haut. Nous longeons la chaume et entrons dans des feuillus. Myrtilles et framboisiers abondent, avec de belles échappées vers Rimbach, la plaine de la Forêt-Noire. Sortis sur le beau pâturage de la ferme du Grand Ballon, nous rejoignons après 20’ de parcours depuis la précédente ferme nos voitures. La randonnée est bouclée avec une douzaine de km en 2H30’.
La ferme-auberge du Grand Ballon
Propriété de la Ville de Soultz, elle est tenue par un jeune couple Didier et Annick BRONNER. Ces derniers ont pris la ferme à bail à loyer depuis juillet 1993 pour une durée de 3 X 9 années entières et consécutives et exploitent, avec les forêts, 136ha sur les pentes du Gand Ballon. La ferme a été construite en 1928 près de l’ancienne d’avant 1914, sinistrée lors de la première Guerre Mondiale.
Présentation
Vue sur la ferme du Grand Ballon
et vue sur le Col du Haag, le Storkenkopf et le Hohneck |
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Le Grand Ballon est le point culminant des Vosges avec ses 1424 m d’altitude (1442 m avec le radôme). Le sommet, arrondi par l’érosion, se dresse en bastion imposant, vu de la plaine du Rhin. Il était l’un des lieux sacrés des Celtes, peuple qui occupait la région, 1300 à 1200 av. J. Ch. Les Celtes étaient très religieux, sacrifiant à de nombreux dieux, en vénérant les divinités des forêts, des montagnes, des cours d’eau, des forces de la nature. Ainsi, ils vénéraient, entre autres, le Dieu Soleil BELENUS ou BELUS qui habite les ballons des Vosges sous l’invocation BELCH, d’où le nom de BELCHEN en langue alémanique. Le Grand Ballon est inclus avec le Petit Ballon en face et le Ballon d’Alsace, dans le Belchendreieck (triangle des Belchen) remarquables montagnes portant le nom de BELCHEN, à savoir : le Belchen badois, le Belchen du Jura suisse et les Belchen alsaciens. Ces trois ballons sont les points de fixation d’un système astronomique triangulaire celtique. Les tribus s’étaient notées à l’horizon la position du soleil dans l’espace des sommets, point de repère pour identifier leurs principales saisons et fêtes. Ainsi, ces sommets devenaient des montagnes sacrées dédiées au Dieu Soleil BELENUS.
Le sommet du Grand Ballon est formé de deux bosses, le sommet nord et le sommet sud, distant de 300 m, lesquels donnent naissance à trois arrêtes :
- La première est celle rattachée au Rainkopf (1305m) à la chaîne principale du massif vosgien en passant par le col du Haag au Storkenkopf (1364m), au Hundskopf (1237m) au Marksteinkopf (1241m), au Batteriekopf (1311m) et au Rothenbachkopf (1316m).
- La seconde part du sommet nord, poussant par le Judenhutkopf (1247m) jusqu’au vignoble de Soultz.
- La troisième va du sommet sud pour rejoindre la plaine de Cernay par le Sudelkopf (1012m), le Riesenkopf (1077m) et le Molkenrain (1125m). Plusieurs vallons et ravins à pentes raides s’ouvrent dans le flanc sud du Ballon.
Géologiquement, le sommet et son versant vers la vallée de la Thur, sont constitués de grauwackes métamorphisés. Le versant oriental et une partie de sa pente méridionale sont occupés par des granites porphyroïdes. Dans son flanc nord s’est formé, par surcreusement glaciaire, le Lac du Ballon à 992m d’altitude. Les pentes sont revêtues de forêts de hêtres et de sapins jusqu’à 1300m. Sa partie supérieure est occupée par les hautes chaumes primaires.
Le Grand Ballon est avant tout un belvédère remarquable. Dénudé et dégagé des hauteurs avoisinantes, sa position géographique, un peu avancée vers la plaine, permet d’embrasser un paysage circulaire très étendu : Les Vosges du Sud jusqu ‘à la Tête des Faux, la Forêt Noire, le Jura, et au-delà, par temps clair, les Alpes autrichiennes depuis la Scesaplana, l’Oberland Bernois et les Alpes françaises jusqu’au Mont Blanc.
Le sommet est facilement accessible par les vallées de la Thur et de la Lauch, ainsi que depuis la plaine, par de bonnes routes, et tout particulièrement par la Route des Crêtes, un des plus beaux itinéraires des Hautes Vosges qui se perd en forêts et en superbes échappées. De nombreux sentiers conduisent à travers prés et bois à la découverte de magnifiques panoramas.
Un peu d'Histoire
Au Moyen Age, le Grand Ballon cherchera en vain, avec l’Alsace entière, son appartenance.
Après l’extinction des Comtes d’Eguisheim en 1225, puis au XIIIe siècle, le déclin des Hohenstaufen et l’écrasement du prince-évêque de Strasbourg, les Habsbourg, famille noble issue de la pauvre forêt de la Hardt, tentent de réaliser l’unité politique du pays en étendant leurs possessions en Haute Alsace. Rodolphe de Habsbourg met le siège devant Bâle pour en faire la capitale de ses biens dans la Vallée du Rhin, lorsqu’il est élu Roi des Romains en 1273. Se fixant alors sur le Danube, ses successeurs, les ducs d’Autriche, abandonneront la montagne vosgienne pour revenir dans la plaine. Ensisheim devient le siège du Landgraviat des Pays antérieurs de l’Autriche, les Vorlande de Haute Alsace.
Les seigneuries ecclésiastiques qui se sont alors formées autour du Grand Ballon sont celles de Murbach et celle de Mundat Supérieur. Les seigneuries laïques ne relevant pas directement de l’Empereur, sont soumises à l’autorité du Landgrave, dignité que détenaient les comtes de Habsbourg depuis le XIe siècle. Ces derniers acquièrent en 1324 par mariage du duc Albert le Sage, petit fils de Rodolphe de Habsbourg, avec Jeanne, héritière des contes de Ferrette, les seigneuries d’Altkirch, de Ferrette, de Belfort et de Thann et exercent leur autorité même sur l’abbaye de Murbach. Leurs possessions sont confiées à leurs plus fidèles serviteurs, et ils sont nombreux autour du Grand Ballon, ces petits seigneurs, vassaux ou ministériaux de l’Autriche, de l’abbaye de Murbach et de l’Evêque de Strasbourg : les Wattwiller, les Bollwiller, les Waldner de Freundstein, les Hungerstein, les Hugstein, les Angreth, les Stoer, les Ostein, les Hus, les Jungholtz, les Schauenbourg, les Trubelberg, les Hartmanswiller et tant d’autres. Ils ont mis leurs territoires en état de défense en construisant de multitudes de châteaux-forts autour du Grand Ballon et en entourant les petites villes d’une enceinte fortifiée. Ces châteaux-forts et murailles furent presque tous détruits pendant la guerre de 30 ans. L’abbaye de Murbach regroupa ses biens au XIIIe siècle dans trois bailliages : Guebwiller, Wattwiller et Saint-Amarin. Des siècles durant, le massif du Grand Ballon était parcouru par des troupeaux de bêtes à corne de la St. Urbain à la St. Michel. Les hautes chaumes sur les pentes du Grand Ballon : le Mordfeld, le Gustiberg, le Roedelen, le Haag et le Gerstacker, étaient possessionnées par l’abbaye de Murbach qui tenait une marcairerie au Ballon. Les gens de Murbach étaient contraints au XVIe siècle de transporter, à titre de corvée le matériel nécessaire à la marcairerie pour la fabrication de fromage. Plus tard, l’abbaye confiait son cheptel à des fermiers. La chasse était réservée aux seigneurs. Les habitants de la vallée de la Thur et de la Lauch jouissaient des droit d’usage dans les forêts et sur les pâturages. La ville de Soultz possédait de tous temps une chaume sur le Ballon où les bourgeois pouvaient envoyer leurs bêtes pendant l’été.
Au cours de la guerre de 30 ans, les Suédois, qui avaient battus les Impériaux à Wattwiller en 1634, volaient le bétail jusqu’aux pâturages du Gand Ballon. Après le départ des bûcherons, des verriers et des charbonniers qui étaient peu nombreux et vivaient sur les pentes du Ballon dans une extrême pauvreté, la ville de Soultz créa de nombreux pâturages au XVIIIe siècle et aménagea à la place des installations abandonnées, 3 nouvelles marcaireries : la Alte Glashutte, la Neue Glashutte (Sudel) et le Kohlschlag.
Par le traité de Westphalie en 1648, les biens des Habsbourg en Alsace passèrent au Roi de France, Louis XIV. La révolution de 1789 balaya la royauté et les seigneuries et sécularisa les biens des établissements religieux. Le versant nord du Grand Ballon fit partie de l’arrondissement de Colmar et le versant sud de l’arrondissement de Belfort et subséquemment de l’arrondissement de Thann après la défaite de 1871.
Hotellerie du Sommet

Avant la guerre de 1870-1871, il n’existait rien pour héberger les touristes qui gravissaient le sommet culminant des Vosges. Le tourisme ne prit son essor qu’au milieu du XIXe siècle. Le premier refuge fut construit en 1877 à l’instigation du Club Vosgien de Guebwiller dans la dépression entre les deux sommets du Grand Ballon. Il fut détruit par des vandales au cours de l’hiver 1883-1884. Un chalet-hotel érigé en 1886 en contrebas le remplaça. Il fut inauguré le 17/06/1888. Son premier gérant a été Joseph Althoffer auquel succéda en 1889 Edouard Wolff, le fameux « Belchenwolff », qui tenait l’hôtel pendant 30 ans. Le bâtiment a été agrandi à deux reprises. La section du Club Vosgien de Guebwiller transféra la propriété de l’Hôtel en 1906 au Comité Central du Club Vosgien. L’établissement fut détruit au cours de la guerre 1914-1918 et reconstruit à un endroit moins exposé aux vents sur un terrain de 530 ares détachés du domaine de Roedelen et offert au Club Vosgien par Mr. Paul Schlumberger de Paris.
L’exploitation de l’hôtel fut confiée à la famille Debenath à partir de 1936, puis à sa belle-famille Pascal Brille-Debenath. Ces derniers ont fait construire en 1970 tout prêt de l’hôtel un restaurant Self-Service sous la dénomination « Vue des Alpes ». En 1987 ils ont installé en contrebas de l’hôtel un bob-luge, source de polémiques à cause de la détérioration du site. La location-gérance a été dénoncée par le bailleur pour le 1er janvier 1997. D’importants travaux de mise aux normes ont été exécutés par la suite.
La vente de l’hôtel a été décidée le 19 avril 1997. Le fermier du Roedelen ayant exercé son droit de préemption, la vente entre la Fédération du Club Vosgien et Mr Schubnel, fermier du Roedelen, a été régularisée le 19/12/1997. Finalement le Club Vosgien de Strasbourg a racheté le chalet-hôtel à Mr Schubnel en 1998 et s’est attaché à redonner vie à ces lieux au travers d’une Sàrl avec une vingtaine de sections de la Fédération, partenaires à titre individuel du projet de réhabilitation. Le chalet-hôtel est actuellement exploité par les époux Claude Parmentier, gérants-salariés.
La Guerre au Grand Ballon
Pendant la première Guerre Mondiale, les troupes françaises occupent le Grand Ballon à partir du 8 Août 1914 et prennent possession des hautes crêts des Vosges du col du Bonhomme jusqu’à Vieux-Thann. Les sommets du Molkenrain, Riesenkopf, Grand Ballon, Storkenkopf et du Trehkopf restent entre les mains des Français, tandis que les contreforts nord de cette crête : le Hartmanswillerkopf, le Hartfelsen, le Sudel et le Judenhut sont âprement disputés par les belligérants accrochés aux flancs de la montagne.
Le Grand Ballon, de part sa situation géographique, protégé par les contreforts du Seekopf, du Gustiberg, du Judenhut et du Sudel, devint un point stratégique fort important du front vosgien. De part sa vue étendue sur tout le font des Hautes Vosges, il offrait un excellent observatoire et constituait un bastion difficile à franchir, dont les accès n’étaient pas faciles. Les combats font rage autour du Grand Ballon à partir du mois d’octobre 1914, notamment du côté du Sudel. Le commandement allemand renonça à s’emparer du Sudelkopf et du Grand Ballon à partir du 26/01/1915 pour concentrer ses efforts sur le Hartmanswillerkopf. Le long acheminement des soldat français, l’approvisionnement de la troupe, ainsi que celui des habitants de la vallée de la Thur, expliquent la construction d’un important réseau routier vosgien par les Français, notamment celle d’une route reliant le col du Haag à la Schlucht en retrait de la ligne de faîte et à l’abri des vues et des bombardements ennemis, à partir du mois d’avril 1915. Cette route est devenue après guerre la fameuse route des crêtes de Cernay au Col du Bonhomme longue de plus de 70 km, ouverte à la circulation en 1928.
La guerre a laissé de nombreuses traces dans le massif du Grand Ballon : abris effondrés et dynamités, observatoires cachés, tranchées envahies par les myrtilles et les ronces, sources captées, écussons et devises gravées dans le rocher et rappelant la présence d’unités combattantes. Les cimetières militaires ont disparu. Les tombes ont été regroupées dans les grands nécropoles de Cernay, de Guebwiller, de Moosch et du Silberloch. Pour perpétrer la mémoire des troupes alpines françaises engagées dans le secteur, il a été érigé en 1927, au sommet du Grand Ballon, la statue du Chasseur des Diables Bleus.
Lors de la seconde Guerre Mondiale de 1939-1945, le Grand Ballon tombe sans combat entre les mains d’un détachement de la Wehrmacht venue de Cernay le 21 juin 1940 qui y installe deux batteries pour bombarder le Markstein. Le Chasseur en Bronze au sommet est renversé, laissant le socle à nu. Il est replacé sur son piédestal le 10 septembre 1960. Lors des combats de la Libération, une batterie française de105, installée au plan Diebold-Scherrer sur la route Joffre bombarde le massif du Grand Ballon à partir du 20 décembre 1944. Après la libération de Cernay, le 24e Régiment d’infanterie et le Régiment du Morvan occupent le Grand Ballon le 4 février 1945, tandis que la 4e DMM, partie d’Uffholtz, progresse vers le Silberloch et le Col Amic le long de la Route des Crêtes fortement minée pour atteindre Goldbach le 9 février 1945. Les Allemands, retranchés au Camp Turenne, décrochent le 27 févier suivant par le Freundstein et la vallée de Guebwiller et repassent le Rhin.
Le Radar du Grand Ballon

La Direction Générale de l’Aviation Civile se devait d’améliorer le contrôle radar en raison de l’augmentation constante du trafic aérien et de l’insuffisance de la technologie des moyens de contrôle en service datant des années 1970 et réalisés à partir de Drachenbronn pour le Nord-Est de la France. Il importait d’assurer une meilleure couverture radar des deux aéroports de Strasbourg et Bâle-Mulhouse-Freiburg par la réalisation d’un radar secondaire de telle sorte qu’à tout moment un avion peut être vu sur l’écran du Contrôleur du Centre Régional sur une distance de 400 km, comme celui de la tour de contrôle des aérodromes avoisinants. Le choix du site s’est porté sur le Grand Ballon comme étant le meilleur parce qu’il domine le massif vosgien.
En raison de l’impact de ce site sur le paysage, il fallait tenir compte d’importantes contraintes écologiques et d’architecture de montagne, afin de ne pas dénaturer le site. L’équipement technique est signé Claude Vasconi, architecte parisien, auteur, entre autres de la Filature de Mulhouse. L’ensemble de l’ouvrage d’une hauteur de 18m a la forme d’un vaisseau d’après les uns, d’une comète d’après les autres. Il est implanté exactement au sommet du Grand Ballon à 1424m d’altitude sur le territoire de la commune de Geishouse et non plus sur celui de Soultz comme prévu initialement. Le bâtiment est constitué par une embase en granite d’une longueur de 80m qui émerge naturellement et graduellement du sol et qui est couronnée par le radôme, sphère sommitale de 9m de diamètre. Les salles techniques sont intégrées dans la partie longitudinale de l’édifice, de même que la galerie d’accès aux deux mâts d’antennes de 27m de hauteur situés à l’extrémité du vaisseau.
Une table panoramique est aménagée sous le radôme et fait le tour du radar. Elle est composée de 28 panneaux en aluminium, gravés, reproduisant le paysage en bande dessinées. Les réservoirs d’eau de l’Hôtel et du Sel-Service sont installés dans l’ouvrage.
L’ancienne tour hertzienne carrée et les piliers en béton de l’ancien monte-charge ont été démolis. La chaume de l’emprise de l’ouvrage a été prélevée manuellement par plaques de 50cm x 50cm aux fins de renaturation du site après exécution des travaux, opération parfaitement réussie. Il s’agit d’une première en France à cette échelle. Un chemin d’accès unique obligatoire pour le public a été aménagé pour visiter les lieux. Avec le radar, le sommet culminant des Vosges a été porté de 1424m à 1442m.
Plan du parcours
